Aux Philippines, le confinement est encore en vigueur et ce depuis le mois de mars. Malgré certaines levées de restrictions, les personnes de moins de 21 ans et les personnes âgées ne sont toujours pas autorisées à sortir. Pour continuer leurs actions, les équipes des programmes Seconde Chance et de l’École de Vie ont su s’adapter au contexte sanitaire en développant de nouvelles méthodes d’accompagnement et de formation.

Cette situation a fortement impacté la dynamique positive des jeunes hommes en réinsertion. En effet, les jeunes libérés avant le confinement n’avaient pas de quoi s’occuper : la plupart passaient leur temps à jouer aux jeux vidéo ou encore à se perdre dans le flux des réseaux sociaux. Nombre d’entre eux ont eu la sensation de régresser face à tous les efforts réalisés pour leur changement de vie, ils se sont sentis seuls et n’avaient personne à qui parler. Ils nous ont manifesté toutes leurs angoisses et leurs interrogations sur leur avenir.

« Je n’arrive pas à me projeter, je reste chez moi à ne rien faire, je suis désespéré. »

Face à ces témoignages inquiétants, l’équipe du programme Seconde Chance a décidé de pallier leurs inquiétudes en renforçant le programme Réinsertion (Aftercare). Avant toute chose, prendre contact avec les parents des jeunes et programmer des visites à domicile. L’équipe est allée aux quatre coins de Manille afin de retrouver les jeunes dans leurs contextes de vie et d’envisager avec chacun l’étape suivante en vue de son intégration dans le monde des études ou professionnel.

Aidée par les « alumni », anciens jeunes accompagnés par ACAY, l’équipe a lancé les nouveaux programmes de formations. Sortis d’affaire, ils ont su mettre les mots là où la jeune génération n’avait pas encore les réponses : s’accrocher à ses rêves et objectifs et tout faire pour les réaliser. Certains ont aussi donné de leur temps bénévolement auprès des jeunes. Raymart est l’un d’entre eux. Il a non seulement partagé son expérience mais aussi son savoir-faire. Expert en charpente et maçonnerie, il a souhaité enseigner ses compétences aux nouveaux jeunes du programme. Après plusieurs heures d’apprentissage et de travail en équipe, ils ont construit un espace salle de bain au sein de la nouvelle maison du programme Seconde Chance.

« C’était la première fois que je construisais quelque chose de mes propres mains. J’ai acquis les bases de la construction, mais ce que j’ai le plus apprécié, c’était de me sentir à nouveau utile. »

D’autres formations (comment réaliser un budget, comment aborder un entretien d’embauche…) ont aussi réamorcé cette dynamique qui leur permet de se projeter dans l’avenir et ainsi de ne pas retomber dans leurs anciennes habitudes de vie. C’est avec entrain que la jeune génération s’est impliquée dans ces nouvelles activités.

A l’École de Vie, le confinement a obligé l’équipe d’ACAY à s’adapter aux nouveaux moyens d’apprentissage : les cours en ligne ! Dans un premier temps, un mois avant la rentrée des classes, les emplois du temps des jeunes ont été réorganisés afin qu’elles aient tous les matins des heures d’études. Se remettre en route ! L’équipe de l’École de Vie a employé une ancienne professeur du lycée des jeunes filles afin qu’elle anime ce temps d’études. Puis lorsque la rentrée « online » des classes, repoussée depuis trois mois, a été lancée, il a fallu de nouveau s’adapter. De nombreux partenaires et donateurs ont généreusement contribué en offrant de nouveaux ordinateurs.

« Ce « new normal » est vraiment un grand changement pour moi. C’est difficile parce que je ne suis pas habituée à voir et à écouter mes professeurs depuis un écran d’ordinateur. »

Que ce soit pour les jeunes du programme Seconde Chance ou de l’École de Vie, la crise sanitaire est finalement devenue l’un des obstacles auquel nos jeunes doivent faire face. Obstacle de poids mais qui n’est pas insurmontable !

Devant les obstacles, ACAY met, au cœur de tout, la relation avec le jeune. Cette relation éducative de qualité sera le tremplin pour l’aider à surmonter les défis et à s’adapter et réaliser qu’il n’y a finalement que deux raisons d’échouer : agir sans réfléchir, ou réfléchir sans agir !