John Paul Comiso, ancien jeune accompagné par ACAY aux Philippines
La force d’ACAY, ce sont les témoignages inspirants de tous ses jeunes qui se sont relevés. John Paul, accompagné par ACAY aux Philippines, après une vie semée d’embûches, a été invité en juillet dernier à venir partager son parcours auprès de jeunes français. Fort de ce vécu, il raconte son mois de rencontres, de découvertes, de confidences, d’étonnements ; son mois d’ambassadeur d’ACAY.
« Au début, j’étais stressé quand Laurent m’a demandé si j’étais d’accord pour venir en France. Ce voyage supposait tellement de nouveautés ! C’était une première pour tout. Faire les démarches pour mon passeport, prendre l’avion… Une fois à l’aéroport, face à l’officier de l’immigration, ce dernier était suspicieux sur le motif de mon voyage en France. Quand je lui ai dit que j’étais un ancien détenu et que j’allais aider des mineurs incarcérés, il a été impressionné. Être un ancien détenu est un stigmate entraînant de nombreux jugements dans la vie quotidienne.
Arrivé à Marseille, j’ai dû m’adapter aux gens, au climat… Tout est différent des Philippines. Une fois ces étapes d’atterrissage passées, j’ai fait la connaissance de l’équipe et des volontaires d’ACAY Marseille qui m’ont accueilli chaleureusement. En leur racontant mon parcours, j’ai eu du mal à contrôler mes émotions car cela faisait remonter à la surface toute la dureté de ce que j’ai vécu.
Dès mes premiers témoignages devant les jeunes incarcérés, j’ai trouvé la prison française vraiment différente de la prison aux Philippines. Certes, les jeunes étaient derrière des barreaux mais ils avaient accès à beaucoup d’activités et semblaient ne manquer de rien. Dans la prison pour mineurs où j’étais à Manille, c’était bien plus dur. Cela m’a empli de compassion pour les jeunes philippins qui ne bénéficiaient pas de ce que je voyais ici. La difficulté, c’est que les jeunes français ne réalisent pas cet avantage propre à leur pays ; je les ai plutôt trouvés forte tête pour nombre d’entre eux. J’ai apprécié être là pour leur insuffler inspiration et encouragement. Et j’ai senti que j’avais ouvert une brèche dans la vie de certains qui sera, je l’espère, le déclic dont ils ont besoin pour leur avenir.
Lors d’un passage à Paris, j’ai pu revoir Argie, autre jeune philippin accompagné par ACAY en même temps que moi, qui vit désormais en France. De retour à Marseille, j’ai pu témoigner au Wake Up Café, structure consacrée à la réinsertion d’anciens détenus majeurs. J’y ai vu des jeunes hommes porter tous le même bracelet à la cheville. Je me suis dit que ça devait être juste une sorte de gadget en vogue chez les jeunes de la dernière génération en France… mais quel choc ! Le but de ce bracelet était de les surveiller et de s’assurer qu’ils rentrent chez eux à l’heure où ils doivent le faire.
Pour ma part, je l’ai été pour m’adapter face aux jugements des gens, tout comme dans mes choix de fréquentations pour savoir éviter les situations menant aux problèmes. Pour cela, il faut aussi s’armer de patience et d’un attachement sans failles à ses objectifs, savoir sur quoi s’appuyer. La foi pour les uns, la lecture pour d’autres, ou bien l’accompagnement d’une association comme ACAY. Tout n’est pas donné, il faut donner de soi : c’est un choix actif pour tenir bon avec fermeté. Passer par des doutes, des découragements, mettre en lumière ses faiblesses. L’enjeu est de ne pas les nier mais de les affronter pour ressortir du bon.
12 ans après la prison, je vis avec ma femme et mes enfants qui peuvent compter sur moi. Lorsque je témoigne de cette réussite devant les jeunes, cela leur permet d’établir un parallèle entre ma situation initiale et la leur. Entre ce que j’ai pu vivre et ce qu’ils peuvent connaître actuellement. Et par ma réussite, laisser ouverte une issue pour eux. Là où un semblable a su faire, ils sauront faire. »