UN « FACE À FACE » DEVENU « CÔTE À CÔTE »
Sans planification préalable, ni stratégie arrêtée, l’un des fondements les plus profonds de la mission ACAY s’est imposé de lui-même : transformer un « face à face » en un authentique « côte à côte » ! Depuis notre fondation, il y a ce mystérieux dosage de « folie divine » qui imprègne notre mission et éclaire notre singularité. C’est cette touche discrète de « luciole dans la nuit » qui me touche et nourrit ma passion depuis tant d’années.
L’esprit de la justice restaurative anime ACAY depuis ses débuts. Comment faire cheminer des jeunes filles marquées par divers traumatismes, violences, abus, abandons avec des jeunes garçons ayant, pour certains, été auteurs de ces délits ? Comment inviter au dialogue ceux qui devraient être porteurs de sentiments extrêmes les uns envers les autres – colère, honte, vengeance ? C’est le défi ACAY !
Idéalisme ? Simplisme ? Mieux, certains diraient même, avec la présence de bonnes sœurs, angélisme ? Et pourtant, malgré ces nombreux « …isme », je relève le défi. La mission ACAY est pleinement incarnée. Elle écoute les deux bords, a deux oreilles. Pendant que je développais l’Ecole de Vie, Sr Edith Myriam était, elle, sur les routes des jeunes en situation de délinquance et mettait en place le programme Seconde Chance. Et après 28 ans, nous pouvons le dire d’une seule voix : cela fonctionne ! Ce qui semblait impossible devient chemin vers la maturité et la liberté intérieure. Ceux qui jadis étaient dans le « face à face » sont aujourd’hui « côte à côte » dans la réflexion, les formations, les temps fraternels et de cohésion. Quelles sont donc les clés qui ouvrent la voie à un dialogue retrouvé ?
En ces temps, nous réfléchissions à importer cette dimension à Marseille, qui s’est concentré jusqu’à maintenant sur l’accompagnement des mineurs sous main de justice. L’accent s’est aussi porté sur la dimension de prévention : « prévenir plutôt que guérir ! ». Aux interventions en détention se sont rapidement ajoutés des parcours de formations sur la connaissance de soi et autres thèmes dans une école pilote accueillant des jeunes en difficulté. Comment, là aussi, éviter que la jeunesse glisse vers la délinquance, se démotive sur le plan scolaire ou entre dans l’errance ?
C’est dans ces quêtes de sens et d’impact que nous vous emmenons à nouveau dans cette newsletter. Plongez avec nous dans cette aventure ACAY qui nous dépasse mais qui, contre toute attente, répond avec tant de justesse aux défis actuels.
Bonne lecture !
Sœur Sophie de Jésus
Au cœur d’ACAY réside une vision singulière : accompagner les deux visages de la jeunesse en difficulté : ceux qui ont subi et ceux qui ont commis des actes de délinquance. Depuis sa création, ACAY a choisi de marcher avec les deux versants de la vie blessée. Cette approche, enracinée dans l’esprit de la justice restaurative, est au cœur de notre charisme, de notre identité : créer un cheminement commun pour ces jeunes vers la liberté intérieure et la maturité émotionnelle.
Après 28 ans de mission aux Philippines, nous avons vu naître, dans la rencontre entre ces deux mondes, une transformation profonde et avérée. Il ne s’agit pas de nier le passé mais de construire l’avenir en permettant à chacun de se voir autrement afin que certains cycles du passé ne se répètent pas. Lire la suite.
« J’avais peur, mais je dois me préparer à la vie en société. Je dois surmonter mes peurs, réapprendre à faire confiance, et à communiquer. Les jeunes du programme Seconde Chance m’ont aidée en cela. »
Selon l’Insee (2023), 76 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire en France. En 2022, la Protection Judiciaire de la Jeunesse indiquait que 88 % des mineurs incarcérés étaient déclarés déscolarisés. Or, le décrochage scolaire est reconnu comme un facteur de vulnérabilité, augmentant le risque d’implication dans des comportements délinquants. À ce titre, le parcours « Agis sur ta vie » a pour objectif d’impulser une dynamique positive chez les élèves en situation de fragilité scolaire, notamment ceux en classe de 3ᵉ Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté (SEGPA). Il vise à les remobiliser autour de leur parcours socioéducatif et aide les jeunes à mieux s’orienter après la 3ème.
Cette année, j’ai eu la joie de découvrir le parcours Prévention en participant à plusieurs interventions. Ce fut intense, riche en surprises, en émotions, ponctuée de moments vrais et en apprentissages mutuels. Ce que j’ai vu va bien au-delà de la prévention : c’est une véritable expérience humaine, un échange sincère avec les élèves, et une collaboration bienveillante avec l’équipe pédagogique. En tant qu’élève, la fin d’année scolaire est souvent intense. Elle l’est d’autant plus en 3e : entre l’échéance du Brevet et l’orientation, les enjeux sont majeurs.
L’accompagnement d’ACAY prend tout son sens : à travers des ateliers collectifs et des entretiens individuels, les élèves apprennent à mieux se connaître, à gérer leur stress et à faire des choix éclairés pour leur avenir. Lire la suite.
« L’association ACAY intervient toutes les semaines dans la classe de 3ᵉ. Grâce à de nombreuses actions, ACAY permet aux élèves d’apprendre à mieux se connaître, à gérer leurs émotions, faire des actions destinées au service des autres. Afin d’agir au niveau de la prévention, nos élèves ont été sensibilisés aux dangers des trafics dans Marseille. Un énorme merci aux intervenants qui, toute l’année, mènent ces actions avec professionnalisme et une énorme bienveillance. » Nadia Catalan, professeure principale des 3ᵉ.
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